Comment économiser l'eau ?

« La Suisse, château d’eau de l’Europe » : un jour, cette expression pourrait bien n’être plus qu’un souvenir. Les vagues de canicule qui se succèdent nous font soudainement prendre conscience de la valeur inestimable de cette ressource. Découvrez comment économiser l’eau dans le bâtiment. Et comment notre urine pourrait devenir une ressource de grande valeur dans un contexte de changement climatique.

Economiser l’eau, c’est économiser l’énergie

Aujourd’hui nous consommons environ 140 litres d’eau potable par jour par habitant en Suisse alors que les besoins vitaux en eau potable sont seulement de quelques litres. Sans compter que le captage, la préparation et le transport de l'eau potable, et l’épuration des eaux usées représentent une forte dépense énergétique. Le CO2 n'est pas seulement produit par les voitures.

> Chauffer l'eau d'un bain de 120 litres émet la même quantité de CO2 qu'une voiture qui parcourt 5 km

Economiser l’eau dans la maison : des mesures simples à mettre en œuvre

Un peu de bon sens permet déjà d’économiser beaucoup d’eau, comme par exemple éteindre le robinet lorsqu’on se lave les dents. Un robinet ouvert pendant 1 minute, c’est 5 litres d’eau écoulée.

> Equiper ses robinets d’économiseurs permet d’économiser jusqu’à 30% de la facture d’eau pour une famille de 4 personnes, soit 50 m3 d’économie d’eau par an, tout en gardant le même confort.

Récupération de l'eau de pluie

La récupération de l'eau pluviale est la mesure la plus importante pour économiser l'eau d'une maison neuve. Le principe est simple. Les eaux des toitures sont récoltées et stockées dans une citerne. Le stock d’env. 10-12 m3 d’une citerne souterraine permet aux habitants de bénéficier d’eau de pluie en suffisance pendant toute l’année. Cette eau est utilisée pour alimenter les chasses d’eau, les machines à laver et les robinets de jardin.

> Avec l'installation d'une cuve de récupération d'eau de pluie, la consommation d‘eau potable est réduite d’environ 50%

Les WC secs: sans odeurs!

Une technique qui a fait ses preuves depuis plusieurs décennies dans les pays scandinaves permet de réduire la consommation d’eau dans les WC à zéro. Des WC secs, combinés à un digesteur en sous-sol, génèrent un compost utilisable sans surcharger les stations d’épuration et les lacs. Le bâtiment Green Offices qui abrite notamment les locaux de Lutz Architectes a été doté de ce type de WC. Et les mauvaises odeurs, direz-vous ? Un système d’aspiration évite ce problème, pourtant courant dans les cabanes de montagne. L’habitude de ne pas tirer l’eau et de jeter une poignée de sciure à la fin de ses besoins se prend très rapidement et tous les utilisateurs sont convaincus par le système.

> pour le bâtiment Green Offices (env. 50 collaborateurs), l’économie annuelle d’eau potable par rapport à un immeuble de bureaux standard est de plus de 400'000 litres grâce aux toilettes sèches et à la récupération d'eau de pluie .

Des toilettes sèches à séparation d'urine

A Villarzel, nous avons pu réaliser une maison exemplaire en terme de traitement circulaire de l'eau. La démarche des propriétaires repose sur un constat: c'est une aberration de salir de l'eau potable avec nos besoins pour devoir la traiter par après à grand renfort d'énergie. Il est beaucoup plus logique de rejeter ces substances riches en nutriments dans la terre où elles auront un rôle à jouer plutôt que dans l'eau, où cet apport en nutriment est problématique pour les cours d'eau. Pour se faire des toilettes à séparation d'urine ont été posées. L'urine est récoltée dans un réservoir au sous-sol où elle est filtrée pour éliminer tous les micropolluants. Elle est ensuite pompée directement dans un local pour être utilisée comme engrais. Les excréments sont dégradés en compost par des lombrics.

Découvrir ce projet innovant de gestion circulaire de l'eau

 

Dans cette maison, un concept innovant de traitement circulaire de l'eau a été mis en place. Grâce à des toilettes sèches à séparation d'urine, le lombricompostage des matières fécales et une récupération  d'eau pluviale, les habitants vivent en autarcie au niveau de l'eau. 

L'urine: un formidable engrais

Utiliser les urines comme engrais au lieu d'importer des engrais serait une manière simple de réduire nos émissions de CO2 tout en économisant de l'eau et en gagnant en indépendance. 15% des engrais azotés utilisés en Suisse proviennent de Russie. Une start-up issue de l'EMPA Vuna commercialise de l'engrais issu de l'urine, l'Aurin, que l'on peut se procurer dans divers points de vente en Suisse. En France, l'entreprise Toopi Organics a vu tout le potentiel de ce principe et a développé un procédé à l'échelle industrielle. Elle récolte par exemple les urines de stations services pour en faire des engrais.

> Valoriser l'urine comme engrais permet des économies d'eau et de CO2 , une meilleure indépendance et des eaux plus propres. Qui aurait pu penser qu'un jour notre pipi vaudrait peut-être de l'or? 

Illustration de la gestion circulaire de l'eau dans le bâtiment et du potentiel d'utilisation des nutriments présents dans l'urine comme engrais. 
© Association VaLoo

Economiser l'eau dans le bâtiment: présentation de solutions et exemple de gestion circulaire de l'eau